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  • Photo du rédacteurEmilie et Ophélie

L comme... Louer ses services

Le 3 avril 1856, Marguerite ALLAIN met au monde une petite fille. Il est 2h du matin, et dans la ville endormie, on a été chercher la sage-femme qui accueille à présent le premier cri du bébé.

Le lendemain midi, c'est encore la sage-femme qui se rend à la mairie déclarer la naissance de la petite fille. Sa mère lui a donnée le nom de Marguerite ALLAIN, le même que le sien. Le père de l'enfant est inconnu, sa mère sans profession. Cette dernière, âgée de 33 ans, habite seule au lieu du Pas d'Ozelle, à Saint-Ciers Lalande (ancien nom de Saint-Ciers-sur-Gironde). Ce n'est pas une vie simple qui attend nos deux Marguerite, les femmes élevant seules des enfants n'étant pas bien vu, d'autant plus dans les campagnes de l'époque...


La petite fille grandit et vingt ans plus tard, le jour de son anniversaire (le 3 avril 1876 donc), Marguerite (fille) épouse Jean JOYEUX à Civrac en Gironde.

Sur l'acte de mariage, Marguerite est prénommée Jeanne, peut-être pour la différencier de sa mère avec qui elle habite à Saint-Savin. Les deux femmes travaillent, la mère comme cultivatrice et la fille en "louant ses services". Aucune des deux ne sait lire ou écrire. Il y a fort à parier que les deux Marguerite ne roulent pas sur l'or. En louant ses services, j'imagine que l'épouse de Jean ne gagne pas un salaire très élevé. Sûrement fait elle des petits travaux à droite ou à gauche, prêtant main forte à qui fait appel à elle.

Les époux passent un contrat de mariage. Sûrement Jean a t'il bien plus de biens que Marguerite. 

La jeune femme quitte donc Saint-Savin pour la ville où habite son époux et laisse derrière elle son maigre gagne-pain pour travailler aux côtés de Jean en tant que cultivatrice. 

Il est bien possible que ce mariage soit pour Marguerite et sa mère une opportunité d'une vie plus facile, du moins concernant la jeune mariée. Jamais il n'a été fait mention d'un homme partageant la vie de sa mère, et certainement la mère et la fille ont-elles vécues seulement toutes les deux depuis la naissance de la petite fille. Chose qui est loin d'être aisée à cette époque. Elever un enfant seule peut vite se révéler périlleux sur le plan financier... Sans parler du jugement des voisins et du qu'en dira-t-on à une époque où être une femme seule n'est pas vu d'un très bon œil.


Une fois mariés, Jean et Marguerite s'installent ensemble et quelques années plus tard, le 6 juillet 1879, Marguerite met au monde leur premier enfant, Jean. Le petit garçon est blond châtain aux yeux gris et sûrement ressemble-t-il plus à sa mère. A 20 ans, Jean père est décrit comme ayant les yeux bruns, un front découvert, un nez moyen, une petite bouche. Au même âge, son fils a lui des yeux gris, un front couvert, un nez fort et une bouche moyenne. Ils ont des petites ressemblances tout de même : châtain tous les deux, un menton rond et un visage ovale.

Après la naissance de Jean, la famille quitte Civrac pour Laruscade où Marguerite donne naissance à Jeanne, le 27 décembre 1881. Si Jean est toujours cultivateur, Marguerite elle ne travaille plus, se consacrant certainement à ses enfants. 

De Laruscade, ils partent pour Saint-Christoly-de-Blaye. Jean et Marguerite agrandissent leur famille avec les naissances de Marthe Marie vers 1887 et de Jean Anselme le 15 mai 1892 (Il décèdera chez lui à Geaune (Landes) le 30 juin 1924 certainement des suites d'une tuberculose pulmonaire).

Si en 1896, Jean travaille toujours la terre, il est le seul de la famille. Jeanne et les enfants ne travaillent pas, sauf leur fils Jean, qui du haut de ses 16 ans est perruquier. Du moins pour quelques temps, car quelques années plus tard, en 1901, tous ont rejoint le père de famille aux champs. Ils sont alors tous cultivateurs et propriétaires de leurs terres. Quel changement pour Marguerite, qui quelques années auparavant vivait de son travail de loueuse de services et n'avait certainement pas de terres à elle...

Pendant les années qui suivent, Marguerite alterne entre les moments où elle travaille en tant que cultivatrice avec son époux et les moments où elle n'a pas de profession. Peut-être aide t'elle son mari lors des moments importants et se consacre-t-elle aux tâches domestiques pendant la morte saison.


Loueuse de services, Marguerite ne l'a donc pas été toute sa vie. Seulement dans ses jeunes années, certainement pour aider sa mère. Je ne sais pas encore ce qu'est devenu cette dernière quand Marguerite est partie, après son mariage. Mais je compte bien le découvrir...


Edition d'Emilie





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