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Photo du rédacteurEmilie et Ophélie

XX et XY, félicitations c’est une fille ou un garçon ! Marie Augustine, sage-femme.



Marie Augustine Labbé est née le 28 janvier 1834 à Saint-Claude-de-Diray dans le Loir-et-Cher (41). Elle a passé son adolescence à Chouzé-sur-Loire dans l’Indre et Loire (37) jusqu’à la mort de son père, Auguste/Augustin Labbé, le 29 avril 1852. Elle déménage ensuite sur Blois avec le reste de sa famille, sa mère Marie Julienne Jolly et son frère Charles Auguste Labbé. Elle devient femme de chambre pour un propriétaire comme vous avez pu le voir dans un article précédent. Le 25 octobre 1858, à l’âge de 24 ans, elle épouse Georges Rigault, son cousin germain (côté paternel). Son acte de mariage mentionne qu’elle est encore femme de chambre. Elle a exercé ce métier brièvement lors de ses jeunes années puisqu’elle devient sage-femme durant les années suivantes.


La formation des sages-femmes


L’ignorance des sages-femmes de l’époque moderne est remis en question, toutes n’ont pas eu des formations équivalentes. L’Etat décide d’uniformiser les pratiques d’enseignement. Depuis la loi du 19 ventôse an XI (10 mars 1803), les sages-femmes doivent être formées et diplômées.


Le recrutement des élèves sages-femmes


Pour devenir sage-femme, il fallait être lettré. Marie Augustine devait savoir lire, écrire et en fournir la preuve. Dans son acte de mariage en 1858, on constate qu’elle sait signer. Elle appose sa signature en bas de l’acte de son nom de jeune fille, Labbé.


Elle a dû fournir un certificat de bonnes mœurs ainsi qu’un certificat médical. Les élèves ne devaient pas être âgées de plus de 30 ans ni être enceintes. Marie Augustine a moins de 28 ans quand elle décide de suivre la formation de sage-femme.


Les cours


Entre 1858 et 1861, Marie Augustine suit les cours d’accouchements très certainement à l’Hôtel-Dieu de Blois pour devenir sage-femme. Ils étaient assurés par Monsieur Derivière, professeur et médecin à l’Hôtel-Dieu et à l’Hôpital général.


Les cours sont à la fois théoriques et cliniques. Il existe également des cours de morale ou d’éducation religieuse notamment sur le devoir de discrétion (ce qui pouvait coûter en cas de non-respect de 100 à 500 francs d’amende). La formation dure de 6 mois à 9 mois généralement, mais selon le lieu d’apprentissage, elle peut être de 3 ans. Il faudra attendre 1894 pour que la durée passe définitivement à 2 ans. Les sages-femmes détiennent un savoir riche et varié mêlant des notions en obstétrique, chirurgie ou soins infirmiers, pharmacie, maladies épidémiques…Ce sont les premières à faire les vaccinations. Elles ont été formées à l’hygiène, à la propreté et aux soins des enfants du premier âge.


Les mannequins servent à leur formation, elles assistent également aux accouchements. Elles doivent préparer le lit et le nécessaire pour la mère et l’enfant à naître. Elles donnent les soins et surveillent les accouchées. L’enseignement dans un hôpital ou à l’Hôtel-Dieu permet d’avoir accès à la salle dédiée aux femmes qui viennent y accoucher. Ce sont souvent des femmes issues des classes les plus basses (indigentes).


Les examens


A l’issue de leur formation, les élèves sages-femmes subissent des examens devant un jury de professeur des écoles ou de facultés de médecine. Les épreuves diffèrent en fonction de la classe. Les aspirantes ont le choix entre deux classes. La première permet l’exercice du métier dans toute la France, tandis que la deuxième uniquement dans le département. Cette distinction subsistera jusqu’en 1916. Pour autant les sages-femmes de ces deux classes ont les mêmes compétences.


Augustine femme Rigault sage-femme à Blois


Elle obtient son diplôme puisqu’elle figure dès 1862 comme sage-femme à Blois dans l’annuaire du département du Loir-et-Cher. Les sages-femmes sont les premières femmes à obtenir un diplôme. Elles sont reconnues officiellement. Il est interdit de pratiquer l’art de l’accouchement sans ce diplôme. Augustine a dû faire enregistrer son diplôme au tribunal de première instance et à la sous-préfecture de l’arrondissement. Son diplôme devait être visé également par la mairie de sa commune d’installation, la mairie de Blois. Pour tout changement de domicile, les sages-femmes de deuxième classe devaient de nouveau présenter leur diplôme voire même refaire un enregistrement à la sous-préfecture.


Marie Augustine Labbé fait partie des 10 à 12 sages-femmes référencées pour la ville de Blois. Si votre ancêtre a été sage-femme à Blois, Romorantin ou Vendôme vous pourrez la retrouver dans l’annuaire du département du Loir-et-Cher.


Marie Augustine signe désormais sous son nom d’épouse, Rigault.

Le 23 mars 1863, âgée de 29 ans, elle donne naissance à son seul descendant, Henri Auguste Georges Rigault. Cette grossesse ne l’a pas empêché de continuer son métier de sage-femme.


En 1864, Marie Augustine Labbé épouse Rigault fait partie des 12 sages-femmes de la ville de Blois. Elle est alors novice.

Liste des sages-femmes pour la ville de Blois année 1864


Le registre des naissances de l’année 1864 pour la ville de Blois m’a permis de retrouver la trace de plusieurs de ces sages-femmes et connaître leurs âges. Augustine fait partie des plus jeunes avec Bathilde Nivault qui est âgée elle aussi de 30 ans. Les autres sages-femmes sont beaucoup plus âgées et forcément beaucoup plus expérimentées. La doyenne semble être Marie Marguerite Huron femme Jolibois, âgée de 64 ans. Anne Rigault veuve Ricois et Anne Léger femme Cuvier sont âgées de 57 ans. Joséphine veuve Jumin, Marie Rosalie Braquet femme Desneux et Héloise Dubois femme Tacard ont 50 ans. Enfin Joséphine Poirier femme Vanroye est âgée de 40 ans.


Les missions principales d’Augustine sont les suivantes : accompagner les femmes en couches et déclarer les naissances.


Les sages-femmes devaient déclarer les naissances dont elles pratiquaient les accouchements lorsque le mari était indisponible. Le 29 septembre 1862, Marie Augustine Labbé épouse Rigault est obligée de comparaître en l’absence d’Antoine Amouroux, professeur au collège de Blois, absent pour affaire lors de la naissance de sa fille Eugénie. Le 13 août 1864, elle en fait de même car Jacques Meunier, voiturier est lui aussi absent pour affaires.


Dans le cas où la sage-femme ne fait pas la déclaration, elle encoure une peine de 6 jours à six mois d’emprisonnement ainsi qu’une amende de 16 francs à 300 francs.


Les accouchements peuvent avoir lieu aussi bien chez la patiente que chez la sage-femme. Elle s’est déplacée de nombreuses fois chez les patientes comme ce fut le cas pour Sophie Clémentine Rainbault qui a accouché chez sa belle-mère, la veuve Gallet.


Augustine accueille aussi chez elle les futures mamans. Le 22 décembre 1862, elle a fait naître dans sa maison Georges Arthur Journet. Il en est de même pour la naissance de Louis Auguste Charles Rigault le 14 octobre 1863 ainsi que pour celle de Jean-Baptiste Tricoire le 26 novembre 1864. J’ai pu constater que les femmes qui se rendent chez elles sont de conditions modestes, essentiellement des domestiques. Ces femmes ont dû être des pensionnaires chez Augustine et son mari Georges Rigault. Ce dernier est alors cité comme témoin.


Une autre mission leur incombe celui de signaler les naissances hors mariage, les naissances illégitimes. Le 4 septembre 1863, Marie Augustine déclare la naissance de Joseph Victor fils de père inconnu et d’Ortance Justine Brossard.


Les sages-femmes peuvent être sollicitées en tant qu’expertes devant un tribunal de justice pour des soupçons d’avortement ou d’infanticide…


Elles devaient porter assistance aux accouchées sans ressources car elles sont jugées comme étant des malades. En revanche, lors d’accouchements laborieux, elles devaient faire appel aux médecins puisqu’elles avaient l’interdiction de toucher aux instruments.


Le 30 juillet 1875, son mari décède. Marie Augustine alors âgée de 41 ans devient veuve. Elle ne se remarie pas. En 1876, elle est recensée rue des Orfèvres avec son fils et une domestique, Baron Célestine âgée de 16 ans. En 1886 son fils quitte le foyer familial, elle se retrouve seule avec une autre domestique, Picot Eulalie, 45 ans. En 1891, Alix Georgette 16 ans devient sa domestique.


Elle aura exercé cette profession durant 32 ans jusqu’en 1894.


Et vous, avez-vous retrouvé des ancêtres sages-femmes ?


Edition d’Ophélie

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1 Comment


Christiane Bruneau
Christiane Bruneau
Nov 27, 2020

Article vraiment très intéressant , merci pour ce partage !

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