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Photo du rédacteurEmilie et Ophélie

« Gémeaux »


Vous avez peut-être déjà rencontré au fil de vos recherches le terme "d'enfants Gémeaux" pour désigner les jumeaux.

AD Eure, Theillement, 1546-1547, page 4 « doys fils gemaux… »


Il n'est pas rare de trouver des cas de jumeaux dans nos généalogies. Certains en ont beaucoup, d'autres comme moi en ont peu. Je n'ai recensé que 5 cas pour le moment et toutes mes fratries ne sont pas complètes : 4 cas du côté paternel et 1 seul du côté maternel. Ils méritent quand même mon attention.


Un des noms ancestraux dans mon arbre est celui de Gimel qui correspond au latin "gemellus" (jumeau). J'ai trouvé lors d’une promenade en Suisse dans le canton de Vaud, le village « Gimel » (jumelé avec la commune de « Gimel, la Cascade ». Celle-ci est située en France du côté de la Corrèze). Le blason représente des jumeaux.


Première diapo : Commune de Gimel, canton de Vaud, Suisse

Deuxième diapo : Commune de Gimel-les-Cascades , Corrèze


À l'origine peut-être que mes lointains ancêtres ont été appelés ainsi pour faire référence à des jumeaux.


Parmi ces naissances gémellaires :

  • une seule date du XVIIe siècle (1667)

  • deux du XVIIIe siècle (1757 et 1765)

  • deux du XIXe siècle (1821 et 1891).


On a tendance à croire que les naissances gémellaires sont exclusivement un phénomène des XXe et XXIe siècles. Il ne faut pas oublier que ces naissances existent depuis la nuit des temps. La preuve avec les jumeaux divins…. Les jumeaux les plus célèbres demeurent Romulus et Rémus fondateurs mythologiques de Rome. Il en existe bien d’autres dans la mythologie grecque et romaine ….ainsi que dans l’histoire comme les jumelles Élisabeth et Henriette de France filles de Louis XV.

Personnages mythologiques, historiques, stars, anonymes, ils nous fascinent. Je suis persuadée que vous êtes tous capable de m’en citer au moins un. Cette fascination pour les enfants « Gémeaux » est visible à la télévision. Beaucoup d’émissions leur ont été consacrées, sur leur lien, leur mode de communication…Que peut-on apprendre sur les jumeaux de nos généalogies ?


Les jumeaux dans ma généalogie sont tous des collatéraux. A priori pas de risques pour que j’en ai un jour.


Jumeaux monozygotes ou dizygotes ?


Dans le cas de jumeaux dizygotes, deux ovules au lieu d’un ont été émis et fécondés par deux spermatozoïdes différents. On appelle cela une polyovulation. Ces jumeaux se trouvent dans deux placentas différents. Ils ne se ressemblent pas. Ils peuvent être de deux sexes différents ou du même sexe. Ils n’ont pas le même patrimoine génétique.


Pour 4 cas, je suis sûre qu’il s’agit de jumeaux dizygotes :

  • Claude et Guillaume Gaudeboeuf (1667)

  • Marie et Raymond Larqué Laborde (1757)

  • Pierre Jacques et Marie Marguerite Françoise Boulan (1765)

  • Marie Jeanne et Samuel Augustin Boulan (1891)


Il est à noter que les paires de jumeaux composées d’un garçon et d’une fille sont les plus nombreux : 36.9 % en France (selon l’INED) de 1700 à 1829.


Les jumeaux monozygotes proviennent de la division d’un œuf (un seul ovule, un seul spermatozoïde). Il y a deux embryons. C’est une anomalie du développement embryonnaire. Ces jumeaux partagent un patrimoine génétique commun. Ils sont de sexe identique et se ressemblent. Dans ma généalogie, un seul cas pourrait être des jumelles monozygotes : Poline Élisa et Thérèse Flore Boulan. Je n’ai aucune certitude. Le fait que les bébés soient monozygotes n’est pas visible dans les actes paroissiaux ni d’état civil. J’entends par là que la « ressemblance » qui pourrait indiquée la présence de jumeaux monozygotes n’est pas signalée.


Il semble que les naissances dizygotes aient été plus nombreuses que les naissances monozygotes en France de 1700 à 1829. Ce phénomène perdure. De nos jours, on enregistre une petite hausse des naissances monozygotes comparée aux siècles antérieurs.


Les naissances gémellaires


Les jumeaux ont des actes de naissance distincts. Ils sont enregistrés dans les registres paroissiaux ou d'état civil l'un à la suite de l'autre. Il n’est pas forcément mentionné enfant « jumeau », sauf pour deux cas, celui de Raymond et Marie Larqué Laborde « le vingt-quatre du mois de janvier sont nés deux enfants jumeaux garçon et fille… » et celui de Marie Jeanne et Samuel. Dans les deux actes de naissance, il est précisé « acte de naissance d’un enfant jumeau… ».


Dans certains actes, il est indiqué l'heure de naissance ce qui permet quand l'heure est bien précise de distinguer le premier-né du second. Marie Jeanne est née à 7 heures du soir tandis que son frère Samuel Augustin est né à 7 heures un quart. On peut penser que les bébés enregistrés en premier sont les aînés (là encore aucune certitude). Deux filles sont inscrites avant leur frère comme Claude Gaudeboeuf et Marie Jeanne Boulan. Raymond Larqué Laborde et Pierre Jacques semblent être les premiers-nés.


En matière de succession. Sous l’Ancien Régime, dans le cas des jumeaux reconnus comme étant les aînés des enfants, il y avait généralement un partage égal des biens du patrimoine. J'ai pu lire que dans certaines coutumes on reconnaissait pour aîné l'enfant né en second. Il était présumé avoir été conçu le "premier" (mais je n'en sais pas plus).

Mes jumeaux sont nés plutôt en janvier (15 janvier 1765, 24 janvier 1757, 30 janvier 1891). Ce sont des bébés conçus en hiver. Les jumelles Poline et Thérèse Flore sont nées le 10 octobre 1821. Les jumeaux Gaudeboeuf sont nés au début du mois de mars 1667. Il n'y a pas eu de naissances sous le signe des "Gémeaux".


Plusieurs facteurs peuvent-ils influencer une grossesse gémellaire ?


Trois facteurs peuvent influencer ce type de grossesse :

  • L’âge de la maman : une femme ayant dépassé la trentaine (35-45 ans).

  • Le rang de la naissance : le risque augmente avec le nombre de grossesse antérieure.

  • Une prédisposition génétique : des familles qui ont déjà eu des jumeaux. Le fait d’avoir plusieurs ovules par cycle se transmet génétiquement. La transmission se fait par la mère. Le père n’influence en rien cette double ovulation.


Trois mères ont au moins 30 ans sinon plus. Angèle Élisabeth Coignard était âgée de 30 ans. Florestine Sophie Picard était quant à elle âgée de 35 ans. Catherine Guillou était âgée d’environ 40 ans. Toutes ces mères sont mes ancêtres directs.


La place de l'enfant dans la fratrie peut être déterminante. Pierre Jacques et Marie Marguerite occupent la 11ème place sur 12. Poline et Thérèse la 4ème place sur les 9 naissances. Marie et Samuel la 8ème place sur 11. Il est donc évident que le nombre de grossesses antérieures a été un facteur important. La fréquence de ces naissances est en hausse dès le 4e rang (selon l’INED).


L’âge de la mère et le rang de la naissance de ces bébés ont influencé ces grossesses gémellaires de type dizygotes.


Je n’ai pas pour l’instant retrouvé de prédisposition génétique qui influence ces grossesses de type dizygotes. Une nouvelle enquête s’imposera pour étudier la descendance de toutes ces fratries. Mes ancêtres directs n’ont également aucun lien entre eux.


En revanche toutes les femmes sont susceptibles d’avoir des bébés monozygotes puisqu’il s’agit d’une anomalie.



Quand la grande Faucheuse rode


Les grossesses gémellaires restent des grossesses à risques.


La mortalité infantile des jumeaux est importante, elle dépasse 50 % soit le double de celle des naissances simples de 1700 à 1829. Les bébés restent plus fragiles car ils sont notamment de faible poids. Les accouchements multiples donnent parfois lieu à des naissances prématurées. Les risques de mortalité sont très importants entre la première semaine et les premiers mois. En raison de ces risques les bébés sont baptisés le jour même comme pour Pierre Jacques et Marie Marguerite Boulan.


Lorsque l’enfant se trouve en danger de mort, un ondoiement est pratiqué. Il s’agit d’un baptême que l’on confère sans cérémonie. Des cérémonies viennent par la suite compléter l’ondoiement si l’enfant survit. Tel fut le cas pour Raymond et Marie Larqué Laborde. Ils ont été ondoyés à la maison comme l’atteste la sage-femme, « attendu qu’ils étaient en danger de mort ». Le même jour le prêtre a pu les baptiser en effet « je curé soussigné […] et fait les cérémonies accoutumées dans le baptême ».


Par contre le sort en a décidé autrement pour Thérèse. Elle est décédée 15 jours après sa naissance. Marie Marguerite est née quant à elle le 15 janvier 1765 et elle est morte le 13 mars de la même année.


La plupart ont donc survécu. La mortalité n’a pas eu plus d’impact sur ces naissances doubles que pour des naissances simples.


Au XVIIIe siècle, 1.1 % des accouchements se terminent par le décès de la mère. Ce pourcentage est plus élevé, il passe à 4.1% pour les femmes qui mettent au monde des jumeaux. Il existe une surmortalité féminine causée par cette mortalité maternelle. Je n'ai pas d'ancêtres qui sont mortes des suites de leurs couches gémellaires. Mes ancêtres ont survécu alors même qu’elles ont eu entre 8 à 12 accouchements faisant un pied-de-nez à la grande Faucheuse.


Des études démographiques tendent à montrer que les naissances multiples ont tout de même diminué entre le milieu du XVIIIe siècle et le début du XXe siècle. On constate en revanche une hausse durant les dernières décennies du XXe siècle en France et en Europe du Nord. Cela s’explique par le recul de l’âge à la maternité et les traitements contre la stérilité. Les procréations médicalement assistées (PMA) deviennent ainsi un autre facteur de grossesses multiples.


Edition d’Ophélie

Sitographie


https://www.cairn.info/revue-population-2004-6-page-877.htm « La fréquence des accouchements gémellaires en France ».


https://www.cairn.info/revue-annales-de-demographie-historique-2004-2-page-39.htm?try_download=1 « Les naissances gémellaires du XVIIIe siècle à nos jours. Approche familiale dans les campagnes de la région lyonnaise ».



https://www.persee.fr/doc/pop_0032-4663_1983_num_38_3_17760 « Les accouchements multiples dans la France ancienne ».


BLOG


131 vues3 commentaires

3 Comments


Emilie et Ophélie
Emilie et Ophélie
Nov 09, 2019

Bonjour, je vous remercie pour votre commentaire. J'irai voir le lien vers votre article.

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Sebastien Dellinger
Sebastien Dellinger
Nov 09, 2019

Article bien documenté et qui explique bien l'origine des jumeaux parmi les naissances de nos généalogies. D'ailleurs, j'ai fait un lien depuis mon article de la lettre G ;)

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87rivet
87rivet
Nov 08, 2019

Très intéressant article !

Mais attention, déjà dans l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, au tome 9, article jumeaux : l'aîné est le premier né selon la loi. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k50541z/f58.item

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