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  • Photo du rédacteurEmilie et Ophélie

J’arrive trop tôt…?

Certains bébés arrivent plus tôt que prévu. C’est parfois une vraie surprise ou une inquiétude pour les futurs parents. Dans ma famille, il y a peu de cas d’enfants prématurés. Un bébé est considéré comme prématuré quand il naît avant 9 mois, soit avant la 37e semaine (8 mois et demi). Plusieurs facteurs peuvent conduire à un accouchement avant terme : l’âge de la mère, un retard de croissance du bébé, une dilatation prématurée du col, les conditions de travail de la mère, une infection, une anémie, un traumatisme ou une chute etc… La durée d’une grossesse normale est de 41 semaines d’aménorrhée. Il existe différents types de prématurés :


  • Le très grand prématuré (né avant 28 semaines soit avant 6 mois) comme ma cousine Virginie qui pesait environ 620 grammes. Elle a dû rester plusieurs mois en couveuse dans le service de néonatologie.

  • Le grand prématuré (né entre 29 et 32 semaines soit 6 à 7 mois) comme mon cousin Gilles né à six mois trois quarts. Il est resté un mois en couveuse.

  • Le prématuré ( né entre 33 et 36 semaines soit 7 à 8 mois) comme moi la petite dernière pressée de voir le monde. Je suis née à 8 mois et je pesais 2 kg 10. Je suis née avec un tour de cordon autour du cou et un autour du pied ce qui entraînait une mauvaise irrigation et empêchait que je grossisse. Ce sont les conditions de travail de ma mère qui ont contribué à ma naissance prématurée. Je ne suis restée que 24 heures en couveuse.


Le bébé prématuré peut rencontrer des problèmes durant les premiers mois de sa vie. Mon cousin Gilles avait le syndrome de détresse respiratoire et dans mon cas j’ai fait une jaunisse. Ma cousine Virginie a fait plusieurs arrêts respiratoires.


Naître prématurément ne signifie pas que le bébé aura des complications plus tard. Nous n’avons eu tous les trois aucune séquelle.


Dans notre généalogie est-il possible de trouver des enfants prématurés ?


Les actes de naissance en font très rarement mention. Seul le témoignage de nos ancêtres aurait pu nous permettre de le savoir…ou… un cas spécial.


Augustine Gimel


Jeanne Henriette Gimel mon arrière-grand-tante est née le 19 septembre 1881. C’est la fille de Baptiste Gimel et de Jeanne Dunoyer. Le 4 juillet 1882 est née sa sœur Augustine Gimel. L’intervalle entre les deux naissances est de 288 jours soit 9 mois et 18 jours. L’intervalle est très court !


J’ai un cas de naissances très rapprochées dans ma famille. Une de mes tantes a mis au monde son premier enfant le 10 février 1971, son second le 24 décembre de la même année. Entre la première naissance et la seconde il y a 10 mois et 14 jours, ce qui signifie qu’elle est retombée enceinte un mois après son premier enfant, vers le 12 mars 1971 (le second étant né à terme).


Jeanne Dunoyer serait-elle retombée immédiatement enceinte après la naissance de Jeanne Henriette soit environ 18 jours après son accouchement ?


Pour moi cela me paraissait impossible et j’imaginais qu’une femme qui allaite de surcroît ne pouvait pas tomber enceinte aussi vite. Mais ma meilleure amie qui est médecin m’a dit que cela était théoriquement possible même si c’était extrêmement rare. Une femme peut ainsi ovuler 15 jours après son accouchement mais il y a plusieurs facteurs qui entrent en jeu. Il ne faut pas confondre « le retour des couches » qui est le retour des règles avec la reprise de l’ovulation.


Jeanne Dunoyer aurait pu retomber aussi vite enceinte si l’allaitement n’était pas régulier (il faut donner le sein régulièrement toutes les deux heures). Dans ce cas de figure et si la femme travaillait, l’allaitement ne suffit pas à être un contraceptif efficace. Mais mon arrière-arrière-grand-mère ne travaillait pas. Elle s’occupait de ses trois autres enfants en plus de sa dernière-née : c’est-à-dire Marie Louise âgée de 7 ans et demi, Auguste âgé de 5 ans et cinq mois et d’Amédée âgé de 1 an et 11 mois. L’aînée Jeanne Léontine âgée de 14 ans devait seconder sa mère dans les tâches ménagères et s’occuper de ses frères et sœurs.




Augustine Gimel serait-elle née alors prématurément ?


Augustine Gimel est très certainement née prématurément à 8 mois mais rien dans son acte de naissance ne le mentionne. Mon hypothèse a été confirmée par mon amie. A partir de la reprise d’ovulation, il faut compter 10 mois pour mener une grossesse à terme. Dans ce cas précis, si la reprise de l’ovulation c’était faite dans les 15 jours suivant l’accouchement cela signifie que le bébé est arrivé prématurément au bout de 36 semaines d’aménorrhée. Si la reprise d’ovulation s’était passée début octobre 1881, Augustine aurait dû naître vers le 18 ou 21 juillet 1882 et non le 4 juillet 1882. Augustine était bien prématurée de 4 semaines minimum. Elle l’était peut-être un peu plus sachant que pour les femmes qui allaitent cette reprise d’ovulation aussi tôt est très rare.


Les bébés prématurés restent très fragiles et on craint pour leur survie, ce qui expliquerait qu’elle a été ondoyée. Augustine a été baptisée le 4 juillet 1882, le jour même de sa naissance et a été ondoyée le lendemain.


Quels sont les facteurs qui ont pu contribuer à cette naissance prématurée ?


L’âge de la mère n’a pu avoir de conséquence puisque Jeanne Dunoyer était âgée de 33 ans. Il y a des risques pour des âges inférieurs à 18 ou supérieurs à 40.


Le fait d’avoir eu plus de 4 enfants aurait pu jouer un rôle dans cette naissance. Il s’agissait de la sixième grossesse pour Jeanne.


Écarts entre les naissances des enfants de Jeanne Dunoyer

Des grossesses trop rapprochées peuvent entraîner une naissance prématurée. L’écart se réduit entre la naissance d’Amédée et de Jeanne Henriette. Il s’agit là de facteurs que l’on peut facilement étudier mais d’autres peut-être plus gynécologiques ont pu également y contribuer.


Vous avez peut-être observé dans mon tableau un écart important entre la naissance de Jeanne Léontine et de Marie Louise. Cela va être l’occasion pour moi de revenir brièvement sur les enfants « naturels ». Jeanne Léontine est la fille naturelle de Jeanne Dunoyer. Elle est née en 1867. En 1873, Jeanne épousa Baptiste Gimel. Pourtant dans l’acte de mariage, on ne trouve pas de mention de légitimation pour Jeanne Léontine comme vous avez pu le voir dans les différents exemples que j’ai cité dans mon article sur les conceptions prénuptiales. Un oubli de mes AAGP ? Etrange ! Ce n’est qu’en 1884 que Baptiste et Jeanne Dunoyer reconnaissent Jeanne Léontine comme étant leur fille. L’acte de reconnaissance est établi seulement 18 jours avant le mariage de Jeanne Léontine. Pourquoi ont-ils mis autant de temps avant de la reconnaître ? Et si Jeanne Léontine n’était pas la fille biologique de Baptiste Gimel ? Marie Louise voit le jour 9 mois et 5 jours après le mariage de ses parents. Cet écart et les suivants paraissent plus normaux. Emilie vous a expliqué dans un article précédent que la reconnaissance pouvait être tardive. L’homme qui reconnaît l’enfant n’est pas toujours le père biologique. Mais peu importe, les liens du sang ne sont pas essentiels, les liens du cœur peuvent être plus importants. Pour moi, Jeanne Léontine qu’elle soit une enfant biologique ou non de Baptiste Gimel reste une Gimel.


Fin de cette parenthèse, je vous propose de retrouver notre petite Augustine. Son prénom d’ailleurs m’a toujours fait penser aux œuvres de Marcel Pagnol et à leurs adaptations cinématographiques ( La Gloire de mon père et le Château de ma mère)


Qu’est devenue la petite Augustine ?


Augustine est née au domicile de ses parents. Elle a survécu, signe qu’on s’est bien occupée d’elle. Augustine Gimel s’est mariée en 1903. Le 20 avril 1911, elle donne naissance à un bébé de sexe masculin qui ne survit pas. Elle n’aura pas de descendance. Elle porta alors son attention sur ses neveux et nièces et en particulier sur mon grand-père. Mon grand-père aimait beaucoup passer ses vacances avec sa tante. Elle est morte le 20 décembre 1953 à l’âge de 71 ans.


Je vous propose de découvrir un autre cas de naissance prématurée.


René Bouffard


Mon arrière-grand-tante Andrée Gabrielle Bouffard était âgée de 33 ans quand elle est tombée enceinte de son premier et unique enfant. D’après une de ses consultations le 12 juillet 1926 à l’hôpital Sabatié, clinique d’accouchements sur Libourne, elle a eu ses dernières règles le 18 février 1926. Normalement l’enfant devait naître début décembre. Or sur le livret du nourrisson et d’après l’acte de naissance de son fils celui-ci est né le 11 novembre 1926, un mois avant la date prévue. Il est donc né prématurément à 8 mois.

Livret du Nourrisson de René Bouffard


Le bébé avait été enveloppé dans du coton et maintenu près du feu pour le tenir au chaud comme il m’a été rapporté. Une des préoccupation majeure pour les bébés prématurés est le risque de refroidissement. La température peut être une cause de mortalité chez ces bébés. Ils présentent un défaut de chaleur naturelle (thermo-régulation). René n’a pas était placé en couveuse bien qu’elle existait à cette époque puisqu’il n’est pas né à l’hôpital. Il a eu droit à des soins traditionnels : enveloppements dans du coton et couverture, bains chauds, massages…Les couveuses sont apparues dès la fin du XIXe siècle et n’ont cessé de se perfectionner. Une autre inquiétude pour eux c’est leur faible poids et on se soucie de leur alimentation. L’allaitement maternel est la méthode la plus préconisée. Il est indiqué sur le livret de mon grand cousin qu’il a été nourri au sein du 11 novembre au 31 décembre puis au biberon à partir de cette date. Le 18 décembre 1926, un mois après sa naissance, il pesait 3, 450 kg. La pesée permet de vérifier la santé de l’enfant. A l’âge de 7 mois, il est noté qu’il fait 5.720 kg. Selon la croissance moyenne en poids d’un bébé de 7 mois, il aurait dû faire 6.780 kg. Il a le poids d’un nourrisson de 5 mois.


Durant son enfance, il était fragile mais cela ne l’a pas empêché de vivre une longue vie jusqu’à 86 ans et demi.


Trois cas, deux possibilités…


Derniers cas ; ceux de Jean Auguste Bermis (1872) et de Jean Gimel (1832) nés 8 mois et 28 jours après les mariages de leurs parents. Et celui de Victorine Scolastique Boulan (1849) né 8 mois après le mariage de ses parents Pierre Politte Boulan et Victoire Joséphine Lassale. Deux hypothèses s’offrent à nous, soit ces bébés ont été conçus avant le mariage de leurs parents ce qui fait penser qu’il s’agirait de conceptions prénuptiales ou qu’il s’agirait de bébés nés avant terme.


Je vous propose à présent de découvrir les couveuses d’autrefois.


L’évolution des couveuses


Les premières couveuses apparaissent à la fin du XIXe siècle. Elles s’inspirent du modèle des couveuses pour les poussins. Il s’agit d’une couveuse qui pouvait recevoir plusieurs enfants à la fois. Elle fut imaginée par Etienne Stéphane Tarnier. Puis il invente une couveuse individuelle. Ce sont des boîtes en bois avec un couvercle en verre que l’on met au-dessus d’un réservoir d’eau chaude. L’air pénétrait par un orifice de la paroi inférieure de la caisse et ressortait par un orifice de la paroi supérieure. La température variait entre 30 à 37 degrés. Cet air chauffé a permis de sauver de nombreux enfants prématurés. Les enfants qui étaient seulement enveloppés dans la ouate se refroidissaient par l’air frais ambiant qu’ils inspiraient. Cet air était variable en fonction de la température de la pièce. L’hiver n’était pas favorable à ces naissances. L’hypothermie fait que la température du bébé peut descendre jusqu’à 27 degrés.


Couveuse Tarnier

En 1893, Pierre Constant Budin modifie la construction de cette couveuse. Il ajoute un thermostat. Les plaques en bois deviennent des plaques en verre afin de pouvoir surveiller le nourrisson né prématurément. L’eau chaude est remplacée par un chauffage au gaz naturel.


Couveuse Budin

A la même période Alexandre Lion met en place un système de chauffage à régulation automatique. Lors de plusieurs expositions (Lyon en 1894, à Genève et Berlin en 1896…) des bébés prématurés vivants sont montrés dans des couveuses.


Couveuse Lion

En 1896, Alphonse Fochier mit en place un système permettant de renouveler l’air de la couveuse. Ce dispositif fut adopté pour les couveuses Regaud.


Au début du XXe siècle, le docteur Regaud introduisit un chauffage électrique avec un régulateur à mercure. Cela permettait la régulation thermique de la couveuse. On pouvait couper le circuit quand la température dépassait un certain degré et cela se réouvrait en-dessous d’un certain seuil.


Au début du XXe siècle jusqu’aux années 1960, les parents ont interdiction de rentrer en contact avec leur bébé prématuré à cause des risques d’infection. Ils pourront simplement l’observer depuis une vitre. Des nouvelles techniques se généralisent et des centres de réanimation néonatale voient le jour dès les années 1950. Cela permet d’améliorer les conditions de survie pour les bébés prématurés qui auraient été autrefois condamnés à une mort certaine. Une étude a été faite concernant les conséquences du lien enfant-mère et notamment entre l’enfant privé de la présence de sa mère. A la fin des années 70, les parents peuvent toucher leur bébé qui se trouve dans la couveuse.


Couveuse moderne

D’autres bébés en revanche arrivent plus tard.


Les bébés qui arrivent après la date prévue


D’autres bébés se sentent tellement bien dans le ventre de leur mère qu’ils décident de prolonger leur séjour comme le célèbre Tanguy d’Etienne Chatillez. Ils naissent plus tard que prévu comme ce fut le cas pour mon frère qui est né 10 jours après la date prévue.


Et vous, avez-vous des enfants prématurés dans votre famille ?


Edition d’Ophélie


Sitographie


  • Calculateurs




  • Les prématurés et la néonatalogie


http://www.academie-medecine.fr/wp-content/uploads/2015/02/pages-de-1231-a-1242.pdf : Chronique historique. Néonatologie : passé et présent.


https://www.aqepa.org/la-neonatologie-en-histoire/ La Néonatalogie en histoire. Ressources et documentation.


https://www.cairn.info/accueillir-le-nouveau-ne-d-hier-a-aujourd-hui--9782749239118-page-191.htm : « Les prématurés au XIXe siècle : entre humanisme et technique ».


https://www.persee.fr/doc/adh_0066-2062_1994_num_1994_1_1866 : Pour une histoire de la prématurité



  • Les couveuses



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