De nos jours les rencontres amoureuses peuvent se faire depuis un écran d’ordinateur, de la rencontre virtuelle jusqu’à la rencontre réelle. Les lieux de rencontre sont très divers : sur le lieu de travail ou d’études, dans les discothèques, dans les lieux publics (tramways, centres commerciaux, rue, café…), dans la sphère privée lors de fêtes entre amis (repas, réveillons…), lors d’activités sportives, sur des lieux de vacances ou de stages. Ces rencontres sont la plupart du temps inattendues mais il peut s’agir de rencontres arrangées par le biais d’annonces, d’agences matrimoniales ou de speed-dating. Les moyens de faire des rencontres ne sont pas les mêmes que ceux de nos ancêtres. Comment nos aïeux et parents se sont-ils rencontrés du XVIIIe siècle jusqu’aux années 1970 ?
Les rencontres fortuites
On ne se sait jamais quand la flèche de cupidon va atteindre notre cœur. Les rencontres sont souvent le fait du hasard. Ce dernier fait souvent bien les choses. Certaines rencontres sont dignes d’un roman. Laissez-vous bercer par le témoignage de vos anciens. Les témoignages sont une source importante pour l’histoire du couple et de l’intimité. N’hésitez pas à interroger vos parents, grands-parents, oncles et tantes…vous apprendrez beaucoup de choses.
Quand deux êtres virevoltent au gré de la musique les cœurs s’emballent et se dévoilent. De nombreuses personnes ont rencontré leur âme sœur lors de bals. C’était le moyen de rencontre par excellence des jeunes. Du début du XXe siècle et jusqu’aux années 70, le bal était très populaire chez les ouvriers, agriculteurs, employés et artisans. Mes oncles et tantes ainsi que mes grands-parents maternels se sont charmés sur la piste de danse.
La majorité des rencontres se font lors de soirées ou de fêtes qu’il s’agisse de fêtes populaires (fête foraine, foires), de fêtes traditionnelles, de fêtes champêtres ou de fêtes familiales. Au XVIIIe siècle, les fêtes champêtres liées à la moisson permettaient de rassembler les garçons et les filles lors de soirées de musique et de danse. Les rencontres pouvaient se faire au son du violon, de la vièle, du hautbois et de la bombarde. Les échanges étaient très cérémonieux.
Les fêtes de famille permettaient également de rencontrer l’être que l’on chérirait plus tard. Les noces demeurent au XVIIIe siècle et même avant une occasion de réunir garçons et filles. Les baptêmes permettent de faire des rencontres.
D’autres modes de rencontres existaient. Les rencontres de voisinage. Epouser son voisin comme dans Friends cela existe. Les actes d’état civil peuvent parfois vous renseigner. Par exemple, dans l’acte de mariage de mes aïeux Pierre Gaudeboeuf et Elisabeth Corral, il est indiqué que Pierre demeure rue Séraphin n°11 et Elisabeth rue Séraphin n°13. Il est fort probable que cette proximité de voisinage a favorisé leur rencontre.
Le travail saisonnier et notamment les vendanges sont un autre moyen de faire connaissance. Mes grands-parents paternels ainsi que mes arrière-grands-parents maternels se sont rencontrés par ce biais-là. Tel fut le cas de Blanche Gaudeboeuf et de Edouard Henriot Gaury.
Au XVIIIe siècle, l’influence des migrations professionnelles a joué un rôle sur la formation des couples. Les jeunes gens qui partaient en apprentissage hors de chez eux, épousaient souvent un garçon ou une fille de la paroisse où ils se trouvaient.
Les rencontres au sein du milieu professionnel ne sont pas rares. Je pense que mon arrière-grand-père Désiré Alfred Boulant a connu sa future épouse au sein de l’entreprise Blin et Blin à Elbeuf. De 1907 à 1910, il est indiqué dans les actes comme étant foulonnier, c’est-à-dire un artisan qui fait passer les draps dans des cylindres métalliques pour les comprimer et les rendre plus serrés. Son épouse est quant à elle épinceteuse, une ouvrière qui ôte avec des petites pinces les nœuds des étoffes. Dans le recensement de 1911, son épouse est mentionnée comme travaillant chez Blin et Blin. Par conséquent j’ai supposé qu’ils avaient pu se rencontrer au sein de cette manufacture drapière. Vous pourrez trouver des photographies des ouvriers et des épinceteuses de cette usine sur le site de la fabrique des savoirs d’Elbeuf (Normandie).
Les Rencontres sont-elles parfois arrangées par la famille ?
On n’épousait pas n’importe qui. Par conséquent, on fréquentait son semblable, une personne du même rang social. Il existait des manœuvres familiales. On se renseignait d’abord sur la personne qui côtoyait son enfant. Les familles examinaient les qualités que devaient avoir le ou la futur (e) : naissance, mérite, bonnes mœurs, honneur, bonne réputation. La fortune ne constituait pas un élément négligeable. Il n’existait pas de mariage entre un riche et une pauvre comme dans les contes de fées. Certaines rencontres n’ont donc pas été le fruit du hasard.
Les unions ne sont pas systématiquement arrangées au XVIIIe siècle et même avant. Les histoires d’amour existaient aussi. Cependant on a toujours recours au consentement des parents. Il y a toujours la notion de respect. Ainsi, au début du XXe siècle mon arrière-grand-mère Blanche Gaudeboeuf fréquentait un jeune homme de bonne famille. Celle-ci a jugé que mon arrière-grand-mère n’avait pas le même rang social et qu’elle ne pouvait donc pas épouser leur fils.
Parfois, suite à des aléas de la vie, deux êtres pouvaient décider d’unir leur destin. Tel fut le cas de Blanche Blanquet et de Jean Peyrot qui étaient originaires du même village. Ils se connaissaient depuis plusieurs années. Suite à la disparition de son mari lors de la Première Guerre Mondiale, Blanche se retrouve veuve et sans enfant. Jean n’ayant jamais eu de compagne lui propose lors d’une rencontre de fonder une famille.
Le milieu ou un intermédiaire peuvent-ils influencer indirectement les rencontres ?
On épousait assez souvent au XVIIIe siècle un garçon ou une fille de son propre village. Les rencontres se faisaient au sein de la même commune. Depuis leur enfance, Etienne Labbé et Margueritte Racault vivaient dans la paroisse de Saint-Claude-de-Diray. Leur mariage y a été célébré en 1792.
Les rencontres peuvent se faire par le biais de connaissances. En 1888 Noélie Héris épousa Jean Gabriel Gaudeboeuf. Noélie était domestique chez Auguste Déjean qui était fumiste. Son mari était également poêlier autre nom de cette profession. Etrange coïncidence ? J’imagine que les deux hommes se connaissaient. Je suppose qu’Auguste Déjean a dû contribuer à cette rencontre entre Noélie et Jean Gabriel.
Par moments, il suffit juste d’un petit coup de pouce de la famille pour forcer le destin. Mon oncle et sa femme ont joué les intermédiaires dans la rencontre de mes parents. Ma mère était en vacances chez eux. Sa belle-sœur a sollicité son jeune voisin pour l’accompagner à la fête de l’Ascension de Saint-Trélody en 1975. Depuis ce jour mes parents ne se sont plus quittés.
Et si le facteur avait entre ses mains votre avenir ? Emilie m’a raconté l’histoire de la rencontre de ses grands-parents maternels (un article leur est dédié, il s'intitule : Quelle Histoire !). Celle-ci est très originale et digne d’un roman. Philippe Thibault qui était à l’armée décida d’écrire une lettre destinée à « une » jeune femme. Il la posta sans indiquer le nom d’une destinataire. Il indiqua seulement l’adresse du village « Isle-Saint-Georges ». Il précisa tout de même que la lettre serait pour une jeune femme « au choix du facteur ». Voici qu’entre en jeu notre intermédiaire. Le sort de deux jeunes gens était entre ses mains. Le facteur a rempli sa mission et a déposé la lettre chez Mauricette Verdon. Etonnée du courrier, celle-ci l’a lu et n’a pas pu résister à l’envie d’y répondre. Ainsi débuta l’histoire d’amour entre Philippe et Mauricette. Il ne manquerait plus que cette rencontre soit adaptée sur le grand écran, une comédie musicale, cela vous tente ?!!
Est-ce qu’il y a une saison plus propice à faire des rencontres ? Bien qu’elles se fassent toute l’année, l’été est la période la plus propice : bals, fêtes, cérémonies familiales comme les mariages en mai et juin. Le printemps n’est pas forcément la saison des amours contrairement aux idées reçues.
Et vous de quelles manières vos ancêtres se sont-ils rencontrés ? Avez-vous aussi des histoires étonnantes à raconter ?
Edité par Ophélie
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