En 1891, la jeune Eugénie VERDON est tailleuse. Elle taille des habits, fabrique des vêtements et travaille ainsi dans le monde de la couture... Eugénie VERDON, née en septembre 1874, est la fille de Julien VERDON et de Sylvanie GOUIN (dont je vous ai conté l'histoire dans l'article G comme "Gentes dames et messires prenez place, les voiturières s'occupent de tout !").
Avec ce couple, nous sommes loin de l'image des jeunes mariés inexpérimentés, prêts à se lancer dans l'inconnu de la vie maritale. Julien et Sylvanie sont en effet tous deux veufs d'un premier mariage. Et la perte de leur moitié n'a pas été le seul deuil auquel ils ont dû faire face. Parents de plusieurs enfants chacun, quatre pour Julien et trois pour Sylvanie, ils restent impuissants face à la disparition de leurs progénitures. Un seul enfant ne survit pour l'un comme pour l'autre. Si l'on ne peut savoir dans quel état d'esprit se trouvent Julien et Sylvanie au printemps 1872, qu'ils soient tristes et endeuillés ou bien prêts pour un nouveau départ, toujours est-il que ces deux-là convolent en secondes noces le 9 avril. Ils emménagent ensemble à Chatonnay (Vendée) avec Marie VERDON, la fille de Julien et Eugène TARREAU, le fils de Sylvanie.
La famille recomposée s'agrandit rapidement avec les naissances de Pierre en janvier 1873 (mais qui décède en octobre de la même année), d'Eugénie en septembre 1874, de Marie en 1877 et de Sylvain en 1881.
Julien, d'abord journalier, est ensuite voiturier, comme tous les membres de sa famille, dont Eugénie, sa fille. Mais en 1891, alors âgée de 17 ans, Eugénie se démarque de ses parents et de ses frères et sœurs en étant la seule à être tailleuse. Mais peut-être le métier de la couture n'est pas si inédit que cela dans la famille. Après tout, son grand-père maternel avait bien des années plus tôt été tisserand...
Et puis, des tailleuses, il y en a aura d'autres dans la famille, à l'image d'Yvette VERDON par exemple...
Yvette VERDON est la petite sœur de Maurice VERDON (dont je vous ai parlé dans l'article sur les enfants adoptés par la Nation). Tous deux ont pour père Sylvain VERDON, lui-même frère d'Eugénie VERDON. Si vous avez bien suivi, vous aurez compris qu'Yvette est donc... (roulement de tambour) oui c'est ça, la nièce d'Eugénie !
Les parents d'Yvette et Maurice, Sylvain VERDON et Marie PAILLER ont donné naissance avant eux à Abel et René. Yvette est donc la seule fille de la fratrie, en plus d'être la petite dernière. Elle voit le jour en 1910 en Charente-Maritime, à Chepniers. Sylvain, son père, passe toutes ses journées dans les champs où il travaille comme cultivateur. Ce travail manuel ne l'empêche cependant pas de savoir écrire, et ce d'une très belle écriture.
Malheureusement, les enfants ne profitent pas longtemps de la présence de leur père. Maurice, comme certainement ses frères et sa sœur Yvette, est adopté par la Nation suivant le jugement du Tribunal Civil de Blaye en date du 29 juillet 1920. Il y a de grandes chances pour que leur père soit mort à la guerre ou d'une maladie causée par cette dernière. Leur mère se retrouve seule pour les élever et grâce à cette adoption par la Nation, elle bénéficie de quoi subvenir à leurs besoins. Cette aide ne l'empêche pourtant pas de prendre à son tour le chemin des champs et d'aller travailler la terre en tant que cultivatrice. La famille déménage pour Saint-Christoly-de-Blaye en Gironde et tous les enfants sont mis à contribution, aidant leur mère comme cultivateurs. Pourtant, quelques années plus tard, alors que jusqu'à présent on ne comptait que sur le seul métier de la terre, chacun décide de s'essayer à une autre profession. Abel, du haut de ses 20 ans est coiffeur. René, 18 ans, est menuisier et Maurice, 17 ans, forgeron. Yvette a quant à elle 16 ans et est devenue... tailleuse. Savait-elle que quelques années auparavant sa tante avait elle-aussi exercé ce métier ?
En tous cas, si pour certaines femmes la profession de tailleuse représente toute une carrière, pour Eugénie et Yvette, ce métier est celui qu'elles exercent pendant leurs jeunes années, alors qu'elles habitent encore avec leurs parents.
Edition d'Emilie
C'est intéressant d'étudier l'évolution des métiers des femmes de sa généalogie. Je vais regarder plus en détails dans la mienne