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  • Photo du rédacteurEmilie et Ophélie

Valmonne Gimel et sa mère

Valmonne Gimel, pupille de la Nation


Le 20 décembre 1911, Valmonne Gimel est née au 5 rue Jean Jacques Rousseau à Libourne (Gironde). Elle est la fille de Paul Georges Gimel (mon arrière-grand-oncle) et de Marie Germaine Faucher.


Paul s'est installé chez sa belle-famille. Il travaille d'ailleurs pour le compte de son beau-père comme voyageur en commerce puis distillateur. Une évolution de sa carrière puisqu’en 1906 lors de son recensement militaire il apparaît comme coiffeur.


La Première Guerre mondiale éclate. Il est mobilisé à partir du 22 février 1915. J’ai déjà évoqué les différentes étapes de son parcours dans mon rendez-vous ancestral intitulé « Il est temps d’y aller… ». Je vous invite à le lire.


Il s’embarque sur la Provence II, un paquebot converti en croiseur auxiliaire, le 23 février 1916 afin de relier Salonique (en Grèce). Le navire est torpillé le 26 février 1916. Paul fait partie des nombreux disparus. Il est « présumé décédé ». Un avis de disparition du ministère de la guerre est passé le 20 juin 1916. Le 30 juin 1916, Germaine reçoit un certificat de la mairie de Libourne qui lui confirme que son mari embarqué sur la Provence II, ne figure pas sur les listes des militaires sauvés parvenues au dépôt de Rochefort. La nouvelle est plutôt dure.


Il sera déclaré mort pour la France par jugement rendu le 23 août 1917 par le tribunal de Cherbourg.


Valmonne Gimel est ainsi privée de son père à cause de la guerre. Son enfance est à jamais marquée.


Dans son acte de naissance, on trouve une mention à la marge qui indique qu’elle est adoptée par la Nation suivant un jugement du tribunal civil de Libourne en date du 6 novembre 1920, vu que son père a été déclaré mort. Elle devient pupille à l’âge de 8 ans et 10 mois.


Le statut de pupille de la Nation fut créé à partir du 27 juillet 1917, mais l’application fut effective qu’en 1918. L’Etat l’a créé pour venir en aide aux enfants victimes de cette guerre : ceux dont les parents ou un seul sont morts ou blessés. Il ne faut pas confondre ce statut avec celui de pupille de l’Etat qui concerne uniquement les enfants abandonnés, orphelins ou placés.


Mes recherches s’orientent dans un premier temps vers la sous-série 3X (pupilles de la Nation) pour obtenir le dossier individuel de Valmonne qui me permettra peut-être d’obtenir des informations sur le versement d’une pension, l’accès à des soins médicaux, la prise en charge de son éducation jusqu’à sa majorité (21 ans). Elle a pu être également suivie sur le plan professionnel. Des écoles sont destinées à accueillir des pupilles dans toute la France.


Je me lance alors sur sa piste, après avoir repéré une côte sous laquelle devait être son dossier. Un premier obstacle se dresse sur ma route. La côte n’est pas communicable car c’est en mauvais état. Je tente une demande auprès de l’archiviste « certes moi je ne peux pas la consulter […] mais peut-être que vous vous pourriez ? ». J’obtiens une réponse favorable et celui-ci se met à la recherche de Valmonne Gimel, mais revient bredouille. Valmonne ne se trouve pas dans le dossier. Je suis gênée d’avoir dérangé l’archiviste pour rien. Je dois me rendre à l’évidence dans cette sous-série c’est un peu la loterie et de nombreux dossiers sont manquants. Le jour où je trouverai enfin le dossier que je cherche, je fêterai cette victoire !


Valmonne a été adoptée par la Nation selon un jugement du tribunal. La deuxième étape consiste à rechercher le jugement dans la sous-série 3 U. Aurais-je plus de chance ?


Enfin, je trouve un dossier à son nom. Le 1er septembre 1920, Germaine Faucher épouse Gimel remplit une requête afin que sa fille devienne pupille de la Nation par jugement du tribunal. Elle agit en tant que tutrice de l’enfant mineur. La demande pour devenir pupille provient généralement de la famille. Valmonne vit avec sa mère chez ses grands-parents maternels au 10 rue Waldeck Rousseau à Libourne. Le 3 novembre 1920, le tribunal civil en se fondant sur la requête et les pièces justificatives fournies par Germaine Faucher déclare que la Nation adopte Gimel Valmonne Germaine Arlette. Germaine Faucher a dû fournir l’acte de naissance de sa fille ainsi qu’une note reçue par la mairie de Libourne le 26 juin 1916 qui attestait que Paul Georges Gimel était toujours signalé comme disparu en mer depuis le 26 février 1916.


En 1922, Valmonne fait sa communion entourée par toute sa famille aussi bien paternelle que maternelle. Malgré leur peine, la vie continue et on célèbre les moments importants.


Valmonne se marie le 27 décembre 1930 à l’âge de 19 ans avec Pierre Louis Lapierre. Mais ce n’est pas avec lui qu’elle poursuivra le reste de sa vie… Qu’en est-il pour sa mère ?


Une jeune veuve : Marie Germaine Faucher


Le 16 février 1911, Marie Germaine Faucher épouse Paul Georges Gimel. Elle est âgée de 23 ans. Le 26 février 1916 son mari est porté disparu. Leur union n’aura duré que 5 ans. Elle se retrouve veuve à l’âge de 28 ans.


Il est difficile d’imaginer ce qu’elle a pu vivre et ressentir notamment l’attente d’une réponse qui tarde à venir pour connaître le sort de son mari. Ces nuits ont dû être terribles. Voici les questions qu’elle a pu se poser : Reviendra-t-il un jour ? Vont-ils le sauver ?


Malheureusement, l’annonce officielle rompt tous ses espoirs, Paul a péri en mer. Je trouve que la formule choisie pour annoncer la mort d’un soldat est très mal choisie et choquante : « J’ai l’honneur de… ». Difficile de faire le deuil pour toute la famille sans un corps à enterrer. Un recueillement impossible. Germaine n’est pas seule pour affronter cette épreuve, elle peut compter sur le soutien de sa famille et de sa belle-famille.


Germaine va alors travailler pour le compte de son père comme on peut le voir dans le recensement de 1921.


Finalement Marie Germaine se remarie le 30 octobre 1926 avec Etienne Rivière, un représentant de commerce. Elle aura patienté 10 ans après la disparition de son époux. Dans les recensements, j’ai pu constater qu’elle était toujours demeurée avec sa fille chez ses parents au 10 rue Waldeck Rousseau jusqu’au 30 octobre 1926. Peut-être avait-elle rencontré Etienne avant 1926. Mais avant de pouvoir se remarier elle a dû attendre un dernier jugement du tribunal civil de Libourne. Ce jugement a permis d’officialiser le décès de Paul Georges Gimel. Sa transcription dans les registres d’état civil tient lieu d’acte de décès. Le 23 septembre 1926, un jugement déclare constant le décès de mon arrière-grand-oncle.


Le 7 décembre 1928, Germaine donne naissance à une fille, Jeanne Rose Thérèse. L’écart avec Valmonne est de 17 ans. Les deux sœurs ont-elles été proches sachant que Valmonne s’est mariée deux ans plus tard. En tout cas, c’est une nouvelle vie qui s’offre pour Germaine.

Localisation des lieux de vie de Germaine Faucher


Elle est installée dorénavant à Saint-Michel de Fronsac (Gironde). Elle devient également marchande de chiffons.


En espérant que le reste de sa vie ait été plus heureux que son début.


Et vous, avez-vous des enfants pupilles de la Nation dans votre généalogie ?


Edition d’Ophélie

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